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Grand Evangile de Jean

[10.132.8] Du haut de cette colline solitaire, on voyait fort loin, surtout du côté de l'est, et l'on distinguait encore parfaitement les murs de Bethsaïde. On voyait aussi les parages d'Aphek, mais sans reconnaître grand-chose, car la distance était de plusieurs lieues.

[10.132.9] Cependant, l'aubergiste admira d'abord les nombreux et très beaux arbres fruitiers qui couvraient sa colline, sur laquelle nous étions.

[10.132.10] Lorsqu'il fut repu de ce spectacle pour lui plein de félicité, comme le soleil était tout près de se lever, il tourna lui aussi un regard attentif vers l'orient, et, quand le soleil commença à s'élever au-dessus de l'horizon, il déclara : « Je vois clairement à présent que le grand Soleil est bien immobile, et que c'est seulement la Terre qui, en tournant d'ouest en est, lui présente successivement ses terres et ses villes ! »

[10.132.11] Et ce que l'aubergiste percevait, ses voisins le voyaient aussi, et ils éprouvaient tous une joie extrême d'avoir pu observer directement ce phénomène de la grande nature.

[10.132.12] Quand nous eûmes contemplé près d'une heure durant le spectacle du matin, nous vîmes arriver de l'est plusieurs voyageurs cheminant sur la grand-route militaire qui menait à Damas, et de là en Perse. Ces voyageurs, de petits marchands des environs de Damas, portaient sur leur dos toutes sortes d'ustensiles de cuisine en bois ou en terre qu'ils vendaient en chemin.

[10.132.13] Lorsqu'ils furent à proximité de ce petit village qu'ils connaissaient bien, parce qu'ils empruntaient ce chemin deux ou trois fois par an, trouvant facilement preneur, dans les dix villes, en vérité près de soixante, pour leur marchandise qu'ils vendaient fort bon marché, ils s'arrêtèrent, se demandant les uns aux autres si c'était bien là le village où il leur arrivait parfois aussi de vendre quelques menus objets.

[10.132.14] Comme cela faisait moins d'une demi-année qu'ils étaient venus dans cette contrée alors presque entièrement dénudée, ils ne comprenaient pas comment ses habitants sans fortune avaient pu la cultiver pour en faire en si peu de temps ce que même les plus riches n'auraient pu obtenir en dix ans de travail acharné.

[10.132.15] L'un d'eux, Juif de la vieille école, dit à ses compagnons : « Si cette contrée est bien celle que nous connaissons, il faut à l'évidence qu'un miracle soit arrivé ici ! Il est écrit dans l'un des livres des Prophètes que ce pays reverdirait un jour, quand le Messie promis viendrait. Or, on dit qu’un homme de la souche de David serait apparu en Galilée, et qu'il ferait des choses merveilleuses.

[10.132.16] Seulement, il ne faut pas faire trop grand cas de ces sortes de merveilles en ce temps-ci, où nous sommes littéralement assiégés par les faiseurs de miracles venus de toutes parts. Tant que seuls les Juifs étaient maîtres de ces territoires qui s'étendent jusqu'au-delà de Damas, les magiciens étrangers n'y entraient pas ; mais, depuis que tout cela appartient aux Romains, on les laisse venir de partout pour faire leurs tours de magie, et il leur arrive parfois - comme nous l'avons vu nous-mêmes plusieurs fois - d'accomplir des choses véritablement étonnantes.

[10.132.17] Peut-être ces pauvres gens ont-ils reçu il y a peu la visite de magiciens de cette sorte qui leur auraient accordé ce bienfait extraordinaire. Il y a deux ans, à Damas, des magiciens n'ont-ils pas transformé en quelques jours le champ parfaitement nu d'un homme riche en une verte prairie ? »

[10.132.18] Les autres répondirent : « Oui, il se peut bien qu'une chose semblable soit arrivée ici ! Mais nous en apprendrons davantage au retour. »

[10.132.19] Sur quoi ils poursuivirent leur route vers Aphek.

[10.132.20] Cependant, Je racontais à l'aubergiste ce que ces gens s'étaient dit entre eux, et J'ajoutai ensuite : « Lorsqu'ils seront dans les parages d'Aphek, ils se reconnaîtront encore moins qu'ici ; car il s'est passé là-bas sur des lieues à la ronde ce qui est arrivé à votre petit pays. Quand ces gens reviendront, vous pourrez leur parler facilement, car, dans cette ville, on les aura déjà suffisamment éclairés au sujet de cet homme de Galilée pour qu'ils ne le confondent plus avec les magiciens païens. »

[10.132.21] Après cela, nous goûtâmes quelques-uns des fruits de la colline,qui étaient tous d'une saveur exquise, puis nous redescendîmes à l'auberge, où un bon repas nous attendait.

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